24/03/2020 – Terre Sainte
Réflexions autour du covid
Collectif et individuel : redistribution
des cartes
Depuis le début de cette crise et les premières mesures de confinement, je me suis beaucoup questionnée sur le rapport entre l’individuel et le collectif.
Comment vivons-nous de sacrifier nos envies, nos besoins, nos désirs, nos projets pour nous concentrer sur une priorité à l’échelle mondiale : enrayer la propagation de ce virus ?
Comment faisons-nous le deuil de ce que nous avions à faire (donner une conférence ou une formation) de ce que nous avions prévu de faire (un voyage à l’étranger) ou encore de ce que nous avons envie de faire (une fête entre amis pour notre anniversaire) ?
Comment allons-nous vivre, pour un temps, certes court à l’échelle de l’humanité mais long à l’échelle de notre quotidien, de faire passer le bien-être collectif avant notre bien-être individuel ?
Ce qui peut être perturbant pour nos cerveaux cartésiens, c’est qu’aujourd’hui servir une cause collective implique d’interrompre nos contacts avec les autres.
« Je te soutiens en m’éloignant de toi ! Je te protège en te gardant à distance de moi ! »
Chacun pouvant potentiellement être toxique pour les autres, chacun pouvant, par sa simple présence, mettre l’autre en danger.
Je ne sais pas comment vous le vivez mais pour moi, cela fait clairement bouger les lignes de la collectivité, de l’entraide et du soutien. La situation actuelle nous amène à ouvrir notre champ de conscience, à nous questionner, à revoir certains de nos acquis et à agir, pour un temps encore indéterminé, différemment.
Notre réalité, c’est que jouer la carte du collectif passe par rester à la maison, seul ou en comité restreint.
Ce mouvement extérieur-intérieur est très intéressant.
C’est, en restant chez nous, face à nous-même – avec tout ce que cela peut impliquer de remise en question et d’anxiété – que nous contribuons à une cause plus grande que nous : enrayer la propagation du virus.
Et ce que nous recevons, en retour, c’est un moment d’introspection, certes forcé mais bien réel.
Chacun le gère à sa manière : en méditant, en étant sur les réseaux sociaux, en cuisinant, en enchainant les séries sur Netflix, en râlant contre nos dirigeants qui ne prennent pas les bonnes décisions, en rangeant sa maison de fond en comble, en suivant les informations, en s’occupant de ses enfants, etc, …
Mais qu’on le veuille ou non, ce qui se vit actuellement à l’échelle mondiale, c’est une redistribution des cartes entre le collectif et l’individuel.
En agissant au nom du collectif, chacun se retrouve face à lui-même.
Avec une opportunité sans précédent de plonger en lui et, s’il le souhaite, d’aller découvrir des parts encore méconnues de lui-même.
0 commentaires