06/03/2020 – Terre Sainte
Revendre mon entreprise
Mon processus de deuil
Pourquoi j’ai revendu ma boîte est une question que l’on m’a souvent posée.
Y répondre est, à la fois, simple et complexe.
Simple au premier abord : j’ai revendu car j’ai senti que gérer et développer un Centre de Thérapies Naturelles n’était plus aligné avec mon âme, avec ce qui vibrait au fond de moi.
Complexe car c’était mon rêve devenu réalité dont je devais faire le deuil.
Avez-vous déjà quitté une personne pour qui vous aviez encore beaucoup d’amour mais dont vous n’étiez plus amoureux et avec qui vous ne parveniez plus à vous projeter ?
C’est exactement ce que j’ai ressenti par rapport à la boîte que j’avais créée moins de deux ans auparavant. Et ça a été un réel travail d’acceptation !
Avant de vous parler plus précisément de ce processus de deuil, j’aimerais vous faire part de ce rêve devenu réalité.
Depuis des années, je caressais le rêve, dans ma tête et dans mon cœur, d’ouvrir un centre de thérapies, un lieu où rassembler des thérapeutes dans un espace inspirant et propice au soin et à la détente.
J’en avais dessiné les contours, les couleurs, j’en avais ressenti la vibration. Je pensais que j’avais
d’autres choses à faire, d’autres missions à accomplir
avant de me consacrer à celle-là.
C’était sans tenir compte que j’allais rencontrer un homme exceptionnel, mon compagnon, qui allait me proposer de relever ce défi avec moi. Et c’est ainsi qu’en juin 2016, j’ai ouvert mon centre de thérapies naturelles à Bruxelles avec une bonne dizaine d’années d’avance sur le planning que j’avais imaginé. Apparemment, très différent de ce que la vie avait prévu pour moi.
J’ai littéralement adoré mettre en place ce magnifique projet que je pressentais, au-delà de moi, comme un réel projet de société : un lieu où les personnes auraient accès à un large panel de soin et de thérapies dans le but d’être acteur de leur santé, de leur bien-être et actifs dans leur processus de guérison.
Comme c’était juste et aligné, les choses se sont naturellement mises en place : trouver le lieu, les thérapeutes, les partenaires, se faire connaître, …
Au bout d’une bonne année, nous commencions à nous stabiliser et nous allions entrer dans la phase de développement. Et pourtant, à l’intérieur, je me sentais coupée en deux : une partie de moi était heureuse et fière de ce que nous avions accompli et du nombre de personnes que nous pouvions aider grâce à notre Centre. Et une autre partie de moi se sentait enfermée, en questionnement par rapport à la justesse d’avoir un lieu physique, agacée par les tâches administratives et la logistique (tout en étant consciente que la charge mentale était bien plus conséquente que la charge réelle).
Sans pleinement me l’avouer, depuis quelques mois, j’oscillais entre ces deux états d’esprit sans trop savoir comment les gérer. Jusqu’à un coup de fil anodin – en apparence – d’une connaissance professionnelle qui cherchait à revendre sa propre boîte.
Le soir, j’en ai parlé à mon compagnon et en boutade, je lui ai dit : « Et si nous, on revendait ? »
Avec cette phrase, je venais d’ouvrir le champ des possibles. Sans le savoir, nous venions d’entrer dans un processus qui a duré 11 mois et qui s’est terminé par quatre contrats signés entre les deux revendeurs (mon compagnon et moi) et les deux acheteurs (une amie et son compagnon).
Fin du premier acte …
Le travail de deuil pouvait commencer …
Un mois s’est écoulé entre la signature des contrats et le fait que nous ne soyons plus officiellement propriétaires. De l’euphorie d’avoir réussi à l’émotion de prévenir les thérapeutes en passant par une luxation d’épaule et les nombreuses – et ô combien compréhensibles – explications que nous avons fournies, je n’ai pas eu le temps de me demander quels étaient mes ressentis de ne plus être propriétaire du rêve que j’avais transformé en réalité.
Bien sûr, durant le processus de revente, je m’étais fait conseiller et j’avais parfois eu besoin de déposer mes doutes, mes peurs et une forme de mélancolie de passer la main. Mais je n’avais pas la disponibilité mentale et de cœur pour entrevoir qu’un deuil serait une étape incontournable.
Et puis, comme toutes les étapes que nous avons traversées avec notre entreprise, celle du deuil m’est apparue de manière évidente et fluide. Même si j’étais pleinement alignée et très heureuse de notre décision, il était important que je lâche symboliquement mon entreprise pour lui permettre de prospérer et de s’accorder à la vibration de ses nouveaux propriétaires.
Comme tout deuil, il s’est déroulé en plusieurs étapes. Tout d’abord, parler : le dire aux thérapeutes, à nos amis et à notre entourage. Sortir de la discrétion et du secret que nous avions gardé durant tout le processus de revente. Répondre aux questions et aux étonnements de mon entourage m’a aidée à prendre pleinement conscience que je passais la main.
Et finalement, un rituel de deuil symbolique où, guidée par une thérapeute, j’ai écrit une lettre à mon entreprise pour la remercier de tout ce qu’elle m’avait apporté et de tout ce qu’elle avait fait grandir en moi.
Je l’ai ensuite brûlée et enterrée au pied d’un magnifique arbre. J’ai terminé ce rituel en le partageant avec la nouvelle propriétaire et en lui envoyant des photos de l’arbre.
Ce fut un moment émouvant et ô combien libérateur.
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